L'intuition

Publié le par Muse

L'intuition

L'intuition, c'est cette envie irrépressible d'acheter un journal dans lequel on trouvera ensuite la petite annonce de nos rêves.

L'intuition, c'est cette porte que l'on pousse, on ne sait pas pourquoi, et derrière laquelle se trouve cette opportunité que l'on attendait tant.

L'intuition, c'est ce chemin que l'on prend en marchant «au hasard» et sur lequel on rencontre un futur compagnon de route.

L'intuition, c'est cet éclair, ce flash qui, sans effort apparent, nous dévoile d'un coup la clef d'une énigme. L'intuition, c'est tous ces petits riens qui nous guident chaque jour et nous amènent, sans même qu'on y prenne garde, dans la direction voulue.

Nous en avons tous fait l'expérience à un moment ou à un autre de notre vie, plus ou moins souvent, plus ou moins régulièrement, mais nul ne peut nier sa réalité, son existence, pas même les scientifiques qui y sont, eux aussi, souvent sujets.

Mais qu'est ce que l'intuition précisément ?

D'où vient-elle ? 

Qu'est-ce que l'intuition ?

D'après le Petit Robert, l'intuition est une connaissance directe et immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. Autrement dit, c'est une capacité de capter une information soudaine, exclusive, intéressante, pertinente, sans passer ni par la raison, ni par les cinq sens.

C'est bien pour cela que certains l'appellent le «6 ème sens».

L'étymologie du mot vient du latin «intuiteri», qui signifie regarder attentivement, regarder dedans. Cela peut paraitre étrange puisque la définition implique plutôt une notion de passivité (je reçois spontanément une information) que d'activité (je regarde donc je suis actif ; je regarde attentivement, donc je suis même très actif). Mais il s'agit en fait ici d'un regard intérieur, d'un regard au fond de nous-même, dans la partie où le raisonnement n'a pas cours.

L’intuition suggère donc une vision claire des choses, capable d’aller au-delà des apparences. En nous donnant accès à des informations essentielles, provenant de l'intérieur de nous-même, l’intuition nous mène directement à ce qui est juste pour nous. Elle est cette «force de l’inconnu qui nous pousse vers notre destinée». Elle est ce qui nous permet de «devenir qui l’on est». L’intuition est selon «l’expression de l’âme tout entière, qui nous permet d’accéder à la nature profonde des êtres.

 Après toutes ces allégations, on comprend pourquoi il nous est si souvent dit qu'il faut écouter son premier instinct, son premier élan, car c'est lui qui nous indique le plus sûr chemin.

 
A ce propos, il me semble important de préciser quelques nuances : l'instinct est différent de l'intuition. 

L'instinct désigne plutôt un comportement inné, transmis par voie génétique et qui s'exprime en l'absence d'apprentissage. Il s'agit d'une impulsion innée, automatique et invariable qui régit le comportement de tous les individus d'une même espèce. On parlera donc d'instinct de survie, d'instinct de reproduction, d'instinct maternel, etc. Pour être plus concret, on notera que crier quand un danger survient est instinctif mais que courir à droite plutôt qu'à gauche pour lui échapper relève de l'intuition. 
Un autre mot, proche et souvent employé en parallèle de l'intuition, est le mot pressentiment. Le pressentiment, comme son nom l'indique, est la perception, le sentiment instinctif d'un évènement à venir (en étymologie, «pre» signifie avant, donc on est bien dans le sentiment avant).

Ce n'est donc pas tout à fait pareil : on peut avoir le pressentiment qu'on va avoir une intuition bénéfique pour notre avenir en percevant, par exemple, une sensation un peu euphorique, une certaine excitation que quelque chose de bien va se passer sans savoir encore quoi.

C'est l'intuition, ensuite, qui fera avoir le bon geste, au bon moment, pour que les évènements se déroulent comme prévus.

D'où vient l'intuition ?

Mais alors, d'où nous vient cette connaissance intérieure ?

Qui commande cette petite voix ?

Comment fait-elle pour savoir ce qui est bon pour nous ?

Pourquoi sommes-nous si sûrs d'être dans le vrai sans être capables de l'expliquer ?

C'est sur ce point que les chemins divergent car, si tous s'accordent à lui reconnaitre une existence et une emprise réelle sur nos vies, l'intuition ne fait pas encore consensus sur son origine. Par simplicité ici, on distinguera malgré tout, trois grandes tendances : la première, la plus matérielle, est la vision des neuro-scientifiques pour qui l'intuition est le fruit d'une analyse poussée et inconsciente de notre cerveau, capable d'emmagasiner toute la journée nombre de données, de les classer, les répertorier et les confronter pour aboutir finalement à «l'idée lumineuse» qui nous poussera à agir de telle ou telle manière. C'est donc notre cerveau qui fait une analyse inconsciente de nos données personnelles. On parle alors de l'inconscient personnel. 
Carl Gustav Jung, a voulu dépasser cette notion d'inconscient personnel en créant le concept d'inconscient collectif qui nous fournit la deuxième grande tendance pour expliquer l'intuition. Le terme d'inconscient collectif est employé pour décrire des contenus universels qui existent depuis l’aube des temps et qui apparaissent régulièrement. Pour lui, l'individu dispose, pour s'adapter au monde extérieur et aux conditions de sa propre structure, de quatre fonctions principales que sont la pensée, le sentiment, la sensation (les cinq sens) et l'intuition, entendue par lui comme une sorte de flair, une fonction psychologique qui nous communique des perceptions par la voie de l'inconscient. Ce qui signifie que nous disposons tous de cette fonction sans pour autant l'exploiter systématiquement de la meilleure façon.

Avec Jung, on entre dans le champs de la recherche de la télépathie ou de la physique quantique mais il n'en oubliait pas pour autant notre lien à l'au-delà et affirmait que «L'intuition est une fonction très naturelle, parfaitement normale et nécessaire ; elle s'occupe de ce que nous ne pouvons ni sentir, ni penser, parce que cela manque de réalité, comme le passé qui n'en a plus et l'avenir qui n'en a pas autant que nous le pensons. Nous devons être très reconnaissants au ciel de posséder une fonction qui nous octroie certaines lumières sur ce qui est par-delà les choses. Naturellement, les médecins qui se trouvent souvent en présence de circonstances énigmatiques ont le plus grand besoin de l'intuition. Plus d'un bon diagnostic est l’œuvre de cette mystérieuse fonction.». 
Cette citation nous amène tout naturellement à la troisième tendance, la plus spirituelle, qui consiste à penser que l'intuition nous vient de l'au-delà et nous relie à Dieu et à l'Univers. Il s'agit ici de l'intuition qui nous transcende, c'est-à-dire celle qui nous permet de dépasser nos limites habituelles, nos limites normales.

Cette intuition mystique est comme un don démesuré de l'Univers. Les grands mystiques nous enseignent qu'elle peut surgir quand nous nous mettons en résonance avec les ressources de notre inconscient et de notre moi profond. Comme pour les autres intuitions, elle est soudaine, rapide et génère la certitude d'avoir «touché» le vrai. Mais, comme nous sommes ici dans le spirituel, elle peut modifier l'être en profondeur et définitivement. L'intuition mystique est une fusion cosmique, une illumination. C'est ce qu'avait si bien compris le Bouddha qui disait «L'illumination n'est pas une goutte perdue dans l'immensité de l'océan, elle est tout l'océan contenu dans une goutte.»

Comment se manifeste l'intuition ?

Ces trois tendances intuitives ne sont pas incompatibles, au contraire, elles se complètent en intervenant chacune à des moments différents et de diverses manières selon les situations. La perception d'une intuition peut se manifester physiquement (battements de cœur qui accélèrent, poils qui se hérissent, mains moites, etc.) mais elle peut aussi se manifester émotionnellement (on a un attrait ou une répulsion immédiate et spontanée pour quelqu'un) mentalement (par la soudaine résolution d'un problème) ou encore spirituellement (en faisant une expérience mystique de l'ordre de la révélation). 
Dans un entretien accordé au magazine Sciences et avenir, édité en juillet 2011, Christophe Haag, l'auteur du livre Poulp attitude explique que selon les situations, on active trois mécanismes d'intuition distincts.

Le premier repose sur l'expertise.

Dès qu'il y a une décision rapide à prendre, face à une situation que nous avons rencontrée des dizaines de fois, nous décidons intuitivement en nous basant sur notre expérience. Si la situation est inédite et qu'aucune expertise ne peut être mobilisée, nous cherchons des souvenirs chargés affectivement dont certaines caractéristiques font penser à la situation présente. Enfin, si nous n'avons ni expérience, ni souvenir personnel, il nous reste comme guide l'émotion pure qui peut s'apparenter à un instinct de survie. Le cerveau bascule d'un mode à l'autre. L'expertise, l'expérience et l'émotion sont donc, pour lui, les trois moteurs qui doivent nous guider dans nos prises de décision. 

Il n'y a donc pas une mais bien plusieurs intuitions comme l'atteste la technologie moderne qui a pu démontrer que, selon les différents types d'intuition, ce sont des zones bien distinctes qui sont stimulées dans le cerveau.

Ainsi, bien que l'on ait coutume de dire que l'hémisphère droit est celui de la raison et l’hémisphère gauche celui de l'intuition, c'est bien dans les deux hémisphères que l'on trouvera les zones stimulées, en fonction du type d'intuition sollicité. Il y a certainement là de quoi donner du crédit à Descartes qui déclarait que pour arriver à la vérité, il fallait utiliser la raison et l'intuition... 
 

Qui est intuitif ?

On a coutume de dire que l'intuitif est celui qui, devant une décision à prendre, est capable de ressentir la bonne direction mais ne peut pas expliquer pourquoi elle est la meilleure. Autrement dit, quand un intuitif s'exprime, il dit souvent : «Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûr que...».

Puisque ce potentiel intuitif est en chacun de nous, qu'est-ce qui explique que certains l'utilisent et le développent plus que d'autres ?

Carl Gustav Jung nous en fournit une explication : «L'intuition est une fonction que, normalement, on emploie peu pour autant que l'on vive une vie régulière, entre quatre murs, astreints à un travail routinier.

Les gens qui vivent exposés aux conditions naturelles font un grand usage de l'intuition ; elle est employée aussi par tous ceux qui risquent quelque chose dans un domaine inconnu, qui sont des pionniers d'une manière ou d'une autre : les inventeurs, les juges, etc. Dès que l'on se trouve en présence de conditions nouvelles, encore vierges de valeurs et de concepts établis, on dépend de cette faculté d'intuition.» 

Ces propos confirment l'analyse de Lyall Watson, qui écrit dans L'Histoire naturelle du surnaturel que, même si on prête traditionnellement aux femmes de plus grands pouvoirs intuitifs il y a en fait peu de preuves à l'appui de cette théorie. Selon lui, il est possible que les femmes aient été forcées d'être plus intuitives uniquement parce qu'on leur a refusé la chance d'un développement intellectuel. De même, les enfants sont souvent beaucoup plus intuitifs que les adultes, simplement parce qu'ils ne sont pas encore pervertis par l'éducation qui les pousse sur le raisonnement à outrance.

Puisque ce n'est qu'une question de caractère, de personnalité, on comprendra que les intuitifs peuvent se trouver dans toutes les professions. Toutefois, il nous faut noter tout de même une nette prédominance de témoignages parmi les écrivains, les artistes ou même parmi des personnes très rationnelles comme des scientifiques ou des chefs d'entreprise. 
Pour les écrivains, nous avons tous entendu parler de la fameuse «page blanche» qui peut désespérément rester vierge puis se remplir soudainement avec une grande facilité, parfois d'un seul trait. Même en laissant de côté des ouvrages psychographiés par des médiums connus, nous pouvons nous intéresser à des ouvrages clairement inspirés comme le court roman Titan, écrit par Morgan Robertson qui, 14 ans avant la catastrophe, prévoit avec des détails plus que frappants le naufrage du Titanic.

La ressemblance dans les noms des bateaux (Titan et Titanic) n'est que la partie immédiatement visible des incroyables concordances entre le roman et la réalité future. Or, on ne peut pas, ici, parler d'une analyse rapide du cerveau, ni d'inconscient collectif ou de télépathie. À la rigueur, on peut parler de pressentiment (sentir avant) sauf qu'au moment ou Morgan Robertson écrivait son livre, il n'était absolument pas concerné par la catastrophe qui devait se produire 14 ans plus tard. 
 

Publié dans Médiumnité

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